Date de la sortie
·
Temps d'activité
9h30 passées sous terre

Gouffre Berger

Participants
  • Prénom
    Aloé
  • Prénom
    Mathieu

Nous sommes six Troglodytes à descendre dans le gouffre Berger en ce dimanche d'août.

Les objectifs sont différents selon les personnes, donc on scinde en plusieurs groupes. Guillaume et Alban rushent vers le fond, Maud et Torii les suivent plus tranquillement, et Mathieu et moi comptons nous balader et aller prendre des photos aussi loin que l'envie nous porte. Les deux premiers groupes partent vers 4h30.

Mathieu et moi nous levons vers 6h30 et arrivons sur le parking (du bas) de la Molière un peu avant 8h. On peut ensuite commencer la marche d'approche, très agréable dans la forêt. Arrivés au gouffre, nous nous équipons et descendons avant un groupe du SCV un peu plus lent que nous.

C'est maintenant l'occasion pour moi de m’enfoncer dans cette doline que j'ai vue dans de nombreuses vidéos !

Quelques puits et on arrive au cairn : je comprends enfin le logo du camp Berger !

Un peu plus loin débute le méandre. J'avance sans trop de difficultés, on me l'avait vendu comme difficile et je suis agréablement surprise. Mathieu me suit de près, très à l’aise. Il m’explique que les morceaux de corde intermittents ne sont pas faits pour se longer, mais juste des aides à la progression, pour les endroits où il y a moins de prises. On progresse donc plutôt vite sur cette portion et on rattrape rapidement un groupe de trois parisiens. Ils ne sont pas enthousiastes à l’idée de nous laisser passer mais notre différence de vitesse de progression apparait clairement.

Je trouve la cavité très jolie sans être exceptionnellement belle. Les puits sont confortables et de belle taille. On continue à les descendre jusqu’à passer une fenêtre qui débouche dans la grande galerie. Le contraste entre les volumes est saisissant.

“Bienvenue dans le Berger” me dit Mathieu avec un grand sourire pendant que je m’extasie. Nous laissons une bouteille d’eau pour la remontée. Il m'explique qu’en remontant la dernière fois, il avait failli louper la lucarne et continuer à marcher dans la galerie en amont mais qu'heureusement, il avait croisé des spéléos posés à cet endroit-là et avait discuté avec eux en attendant son binôme.

On avance maintenant dans d'immenses salles, c'est impressionnant. On discute un peu des noms des différents endroits dans le gouffre, et de l'histoire de l’exploration du gouffre.

Le lac Cadoux est une mare de boue glissante, mais je suis impressionnée par la hauteur à laquelle sont les cordes pour l'éviter en période moins sèche.

En bas de la cascade du petit général, j'ai droit à une autre histoire sur le thème de la perdition : "la dernière fois, Louis a suivi la rivière sans voir le petit chemin qui monte à gauche, donc j’ai dû redescendre et courir pour le rattraper".

Dans le Grand Éboulis, nous croisons Sevan, un bénévole du camp qui remonte après avoir changé des cordes vers -700, pour la 3ᵉ fois cette semaine. Il est tout frais et pimpant et on a à peine le temps de lui dire au revoir qu'il est déjà hors de notre vue. Il ira à -1000 le lendemain matin ! 🤯

On s'arrête une vingtaine de minutes au camp -500 pour manger notre repas en enfilant doudoune et cagoule. Le froid s'insinue vite dans les combis, c'est l'heure de repartir et de s'activer.

La Salle des Treize s’ouvre à nous. C’est impressionnant et nous revoyons les photos et films historiques de sa découverte. Quelques piètres photos, et nous repartons en slalomant de gours en gours. L’endroit est maintenant très concrétionné. Nous flânons, visitons et empruntons plusieurs détours notamment car Mathieu est très vite passé dans cette partie la dernière fois avec l’objectif du fond en tête.

Il y a des zones très belles et on s'attarde pour prendre quelques photos. C'est particulièrement le cas au cloaque ou col de l'utérus (oui, parce que ce n'est définitivement pas un vagin, n'en déplaise aux hommes qui ont nommé cette chute d’eau venant du plafond !).

Le groupe du SCV nous rejoint à cet endroit, et veut savoir si on est encore loin du Vestiaire. "Non, on y arrive prochainement, tu verras quand tu y seras, tu peux pas le louper". Effectivement, une dizaine de minutes plus tard, nous sommes dans le lieu qui marque la fin de la première partie du gouffre. Nous y croisons des polonais qui prévoyaient le fond, mais font demi-tour, épuisés par leur descente (Mathieu les avait briefés la veille, et les félicite pour leur décision). Le SCV rebrousse également chemin.

L'immense salle se termine par une petite ouverture dans laquelle se jette le ruisseau à nos pieds. On descend jusqu’à la Salle des Coufinades. L’endroit est très beau, concrétionné, et l’eau vrombit sous nos pieds. L’envie de continuer à explorer est présente, mais je décide que j'en ai assez vu pour aujourd'hui et que s'aventurer plus loin, c'est risquer beaucoup de fatigue à la remontée. Mathieu est d'accord, on commence donc à faire remonter.

On re-double rapidement les différents groupes croisés à la descente, à des moments plus ou moins opportuns (on a peut-être grimpé quelques cascades en libre pour ne pas patienter 😇). À un moment, je rappelle Mathieu à ses pensées : "non, par là c'est là où Louis est parti la dernière fois, il faut monter à gauche !".
Heureusement que je l'écoute quand il parle... 😛

L'éboulis est éprouvant, mais on reste sur un timing plutôt correct.

À un rocher, je demande où est cachée la bouteille. Mathieu réalise à ce moment qu'on est déjà en bas du puits Aldo, et qu'il faut quitter la galerie principale pour remonter par la lucarne (exactement comme deux ans auparavant). Heureusement que j'écoute quand il parle (bis) 🤣 !

La remontée des puits est interminable, mais ce n'est rien face au méandre. Alors que je n'avais eu aucune difficulté à l'aller, je ne suis pas à l'aise, j'ai froid, j'ai peur. Sur un passage où j'ai particulièrement du mal à avancer, Mathieu m'arrête, éteint nos lumières et lance "Pink Pony Club" de Chappel Roan sur son téléphone pour me calmer. C'est une de mes chansons préférées : je chante à tue-tête dans le noir et reprend de l’énergie pour repartir. Le cairn se dresse bientôt devant nous comme une promesse.

Encore quelques puits et je vois le jour. Mathieu traine derrière moi en râlant. Son genou est douloureux, et il a déchiré son kit, acheté la veille..!

On sort, enfin ! On profite des derniers rayons de soleil pour se réchauffer en mangeant quelques myrtilles sauvages.

Le retour est long mais nous sommes heureux, donc nous nous baladons avec plaisir au soleil couchant. Le chemin est encore plus beau qu'à l'aller. On s'arrête encore pour discuter des fleurs que nous croisons, prendre des photos et notre temps pour profiter de la beauté des lieux, à l'image de cette journée.

Rendez-vous maintenant dans deux ou trois ans pour l’histoire de comment nous avons nagé à -1 122m (même pas en rêve).

Aloé et Mathieu.

Publié par
Aloé