Date de la sortie
·
Temps d'activité
10h18 passées sous terre

Gouffre Delta 35 (D35)

Participants
  • Prénom
    Torii
  • Prénom
    Guillaume

Rappel : “La rivière aval du D35 n’est pas équipé pour faire une sortie classique. On peut cependant visiter l’amont de cette rivière sur quelques centaines de mètres. A partir de la rivière -1000, la cavité n’a pas été rééquipée. La qualité de l’équipement en place est à ce jour (été 2023) très hétérogène. Il n’y est pas possible d’y conduire une sortie classique en sécurité, il est fortement déconseillé de s’y aventurer. La progression nécessite un équipement spécial (pontonnière, combinaison étanche…), et le risque de crue est omniprésent. Ne pas s’aventurer plus loin que le bas du Puits du collecteur sans une météo parfaitement stable.”

A l’origine nous devions visiter la grotte Vallier le samedi, mais le besoin de repos nous fait reporter à nouveau la visite de cette belle cavité. L’envie d’aller sous terre nous titillant tout de même, nous choisissons de retourner au scialet du D35 (réseau de la Fromagère et du Berger).

Lors de notre première visite le 25 mai, nous avions rejoint la rivière -1000 du D35 (cotation -412m), et avions parcouru l’amont sur quelques centaines de mètre. Le débit de la rivière était alors très important et l’évolution dans ce milieu relativement complexe. Visiter l’aval aurait été impossible sans combinaisons adéquates (pontonnière ou combinaison étanche). Cette escapade en compagnie de Maud, Guillaume et Jens (+Valentin et Matisse du SGCAF qui nous ont honorés de leur présence pour parcourir l’amont) nous avait valu un TPST de 10h30. La cavité nous avait alors tous marqués par sa température très fraiche (Les petites chutes en rivière, mouillant les combinaisons jusqu’au ventre n’ont pas dû aider), et certains ont mis 1 semaine à totalement récupérer les sensations au bout des doigts.

Ainsi en ce dimanche 28 juillet, notre but était de parcourir l’aval jusqu’au P31, confluence des deux rivières à la cotation -524m (Jonction du scialet D35 avec le scialet de la Fromagère).

Afin de ne pas rentrer à 4h du matin le lundi (mention spéciale à notre traversée Deux Gardes Fleurs Blanches du 14 juillet), nous optons pour une nuit à Grenoble et un réveil à 5h45. Après un café et un passage à la boulangerie, nous voilà au parking du Fournel à 7h du matin. Le temps d’organiser les affaires, nous démarrons la marche d’approche à 7h15 avec de nombreux sacs sur le dos. Il fait déjà chaud, et la pente assez raide ne nous facilite pas la tâche. Pour autant, notre motivation n’est pas égratignée, et nous conservons un rythme soutenu. Nous arrivons à 8h25 au tipi d’entrée du D35 et mettons à sécher nos habits pour revêtir combinaisons et baudriers. Un petit message à notre sonnette pour prévenir de notre retard, et nous entrons dans le réseau à 9h (1h de retard sur l’estimation initiale). Pas de doutes, nous sommes bien au D35, et le froid inhospitalier, le nuage de moustique et l’étroitesse des désobstructions sont là pour nous le rappeler.

Nos souvenirs nous aident à évoluer rapidement, mais un détail est passé à la trappe : nous avons oublié de refermer le tipi d’entrée, et un courant d’air glacial est présent dès la moindre étroiture. Cet oubli reste atténué, du moins à l’allé, par le constat que la grotte est sèche contrairement à notre première visite : la traversée de la tyrolienne du méandre France-Islande peut se faire au sol, et la pluie n’est pas au rendez-vous ! La sortie du méandre dans le puis luxé, et l’écho de nos voies nous signifie que nous débutons les grands puits. Ceux-ci s’enchainent rapidement, et nous gagnons la rivière à 11h15. Attention, la longueur de corde est limite, et il n’y a pas de nœud au bout. Est-ce intentionnel pour ne pas devoir changer la corde, ou le bout de corde a-t-il été arraché par une crue ? (La corde n’était pas lovée au frac comme préconisé). Du lait concentré-sucré déposé sur le côté attire notre attention. Nous le goutons avec une envie frénétique, mais un gout de fromage moisi manque de nous faire vomir et nous remonterons donc ces déchets au retour.

Le constat est sans équivoque : la rivière est calme, probablement à l’étiage, et nous pouvons donc nous engager dans l’aval. L’ambiance est vite donnée, et l’équipement est « différent » : le premier obstacle, une petite cascade de 3m, se franchis en se longeant dans une main courante constituée de cordelette, puis en jetant la corde de rappel lovée aux cotés de débris d’amarrages et de cordes évoquant la violence potentielle des crues.  A partir d’ici, le sol devient très glissant, et de magnifiques bassines nous barrent le chemin. Il faut redoubler de créativité et d’équilibre pour franchir ces difficultés sans se baigner. Nous nous aidons mutuellement car les parois friables ne sont pas de francs alliés. Des passages bas aquatiques sous blocs et de petits passages sur cordent ponctuent le trajet : ces cordes servent souvent de mains courantes sur vires ou permettent des désescalades au-dessus de bassines. Nous restons cependant très vigilants : certaines cordes sont abimées, et des points d’amarrage sont régulièrement arrachés. La cavité devient de plus en plus belle, impressionnante et la cascade robocop (C11) marque le début d’un lieu d’une autre dimension. Arrive enfin le P31, dont l’équipement hors crue permet, après avoir jeté les cordes, de descendre en fil d’araignée au milieu du fracas des jets formés par la confluence des deux rivières. Nous poursuivrons encore quelques centaines de mètres, et tournons les talons à 13h, au niveau d’un bassin (-550m) dont la traversée nous parait trop engagée pour des personnes équipées de simples combinaisons (enduite pour ma part).

Remonter la rivière est globalement plus simple, hormis sur certaines mains courantes un peu lâches et nous lovons progressivement les cordes afin de les préserver.

Il est 13h lorsque nous sommes au bas du Puits du collecteur (P47) et l’ascension se fait à bon rythme. Une première pause m’est nécessaire pour me dévêtir car la combinaison enduite tient très chaud. Une seconde, vers 16h dans le méandre France-Islande nous permet de nous sustenter. Le froid profitant de notre fatigue pour nous assaillir, nous repartons très rapidement mais nos doigts sont tellement gelés que nous n’arrivons pas à manipuler nos bloqueurs (nous regrettons amèrement de ne pas avoir refermé le tipi). Heureusement nous nous réchauffons vite, et sortons à 19h15 heureux mais fatigués.

Prochain objectif : siphon des émeraudes ? (dénivellation : 850m)

Publié par
Torii