Date de la sortie
·
Temps d'activité
80 h passées sous terre

Tanne à Paccot A2

Participants
  • Prénom
    Jérémy
  • Prénom
    Jens
  • Prénom
    Hélène
  • Prénom
    Sébastien
  • 🦇 des participants externes

Compte-rendu un peu plus soigné format PDF rangé dans le dossier photos.

Compte-rendu camp Explo A2 – Aout 2015 – wWw.

Samedi 23/08/25 – A2 – Glières

 

OK, voilà. Dans 10 minutes, mon risotto aux champignons sera réhydraté. En attendant, je prends le temps de commencer ces quelques lignes. Il est 21h00, je suis à peu près posé, installé un peu plus loin que le bivouac à demeure dans le puits du Pendule, dans une salle avec un peu de hauteur.

J’ai galéré à trouver l’endroit approprié pour mon hamac, mais il est enfin installé. Mon dos touche un peu le rocher qui se trouve en dessous, mais ça me rassure un peu… Si le hamac lâche au milieu de la nuit, au moins je ne tomberai pas de bien haut !

Mon espace cuisine et top, mais je suis encore plus fier de mon espace buanderie où sèchent mes fringues de spéléo, suspendues sur une cordelette. La musique meuble le reste de l’espace, grâce à mon téléphone, et mon risotto termine de fumer. Je devrais m’en occuper maintenant. Même si je n’ai étrangement pas froid, je doute des qualités gustatives du lyo une fois refroidi…

/… /

C’était bon ! J’ai aussi pris le temps de me glisser dans mon duvet et dans le hamac. Sa moustiquaire est un peu chiante, mais ça fait cocon, donc c’est pas si mal. Je sens que je suis assez fatigué, mais je prends le temps de continuer à écrire un peu, toujours accompagné par la musique (Thylacine – Transsiberian).

J’ai pris le temps aujourd’hui, pris le temps de prendre le temps, d’avancer tranquillement. J’en ai du temps, j’ai de quoi tenir pendant 4 jours ici.

La journée a commencé tranquillement après une nuit pas ouf dans la voiture, mais avec pas mal d’étoiles visibles par la fenêtre. Ce sera le seul truc agréable. Le matin, j’aperçois les tentes de Torii, Maud et Guillaume plus loin. Je les rejoins pour le petit déjeuner. On discute rapidement objectifs, on se prépare, et on décolle. Les copains me prennent 2 kits perso (j’ai prévu d’avoir très très faim sous terre), parce qu’ils sont gentils, et je prends mon troisième kit et un kit corde qui doit peser 30 kg ce salaud. Heureusement, il va vite faire régime, car je rééquipe tout depuis l’entrée pendant que les autres filent au fond topographier le méandre de Torii.

Entrée sous terre vers 10h, je suis le dernier à me lancer. Je suis content de commencer à vider ce kit de corde. Les maillons rapides sont galères à ouvrir, je suis content d’avoir pris 2 pinces avec moi. J’en remplace pas mal car ils ont perdu entre un tiers et la moitié de leur section par endroit. Le temps file vite. M’en fou, j’en ai plein. C’est assez agréable d’avancer doucement sans la pression du timing, même inconscient, d’être rentré pas trop tard…

J’arrive en bas du puits, je coupe ma corde. Le kit est beaucoup plus léger, J’ai dû passer pas loin de 70-80 m de corde je pense… J’ai fait les cols de cygnes immenses à chaque frac, ça me fait assez étrange, on dirait que c’est mal équipé.  (Note à la retranscription : En fait ça doit même être 100 – 110 m vu la profondeur du puits !)

Même pour anticiper le rétrécissement des cordes avec le temps, j’espère que je n’en ai pas laissé trop. L’ancienne corde maintenant à la retraite trône à mes pieds. 11h30. Je me dis que j’ai bien le temps d’aller la poser dehors, ça sera ça de fait, et ça me permet de tester la nouvelle corde. J’abandonne mes deux kits, accroche une extrémité de la corde rebutée sur mon baudrier, et je remonte. En haut du puits je tracte la corde mais elle pèse une tonne, et je galère ! Après pas mal d’efforts, la corde est dehors, et moi je retourne en bas.

Je passe la trappe et je m’avance dans ce qu’il semble être une soufflerie. Pas agréable. J’arrive à la corde, et j’entends du bruit en bas. Maud s’identifie, elle remonte un peu en avance, elle en a marre. Je commence à rééquiper la main-courante, mais comme c’est long (Je tricote tout, même le point intermédiaire pour ne pas avoir à ouvrir les maillons), Maud remonte. On se croise dans l’espace le moins étroit, et on commence à discuter… pour finir par rester posés allongés à papoter de la vie. Ça me fait du bien, les échanges sont sympas malgré le froid qui s’installe à cause du courant d’air. On finit donc par s’abandonner pour continuer nos chemins respectifs. Je termine d’équiper le puits, et en bas je rajoute un amarrage foré en fin de corde, en me remémorant la mésaventure d’Hélène.

Je mange mon repas car il est 14h30, et je passe le siphon (vide). De l’autre côté, c’est Torii et Guillaume que j’entends remonter. Je les attends. On prend aussi le temps de papoter. Ils ont pu laisser tout le matos au bivouac, et le kit de corde au début du puits des Bricolos, mais sans avoir eu le temps de la poser. Ils n’ont pas non plus fait leur topo, manque de motivation/temps ! Je les laisse partir. Ça me fait un petit quelque chose quand même, je suis maintenant complètement seul. Une légère angoisse/appréhension se fait sentir. Je continue quand même.

Je passe les puits, C’est Hélène qui les rééquipera jusqu’à la fin du méandre du Réfectoire, méandre que je galère à passer avec mes 2 kits ! J’arrive quand même en haut du puits du Pendule, enfin. Je commence le rééquipement. Celui-ci est assez impressionnant : Beaucoup de pendules (sans blague !), de grands vides, de grands volumes. Je reste concentré sur ce je fais pour gérer le stress. C’est long et fatigant, je passe mon temps à jouer des pinces sur les maillons, et à m’empêtrer dans les cordes. J’arrive enfin au bivouac. Ouf ! Je me détends, je souffle, il est 17h30. Je prends le temps de poser mes kits, de faire le tour du propriétaire, pour prendre mes repères. Pas trop longtemps tout de même, il faut que j’aille chercher de l’eau, et j’en profite pour continuer à équiper. Cependant j’y arrive rapidement à bout de corde après la vire. Merde, je ne vais pas au fond avec. Tant pis, je raboute et je termine sur les anciennes cordes. En bas, je pose mes bouteilles et je vais dans le méandre. J’hésite à aller chercher le deuxième kit de corde laissé par Torii et Guillaume. Mais flemme. J’irai demain. Je termine de remplir mes 2 bouteilles et je retourne au camp.

Je me change directement tant que je suis encore chaud, pour être au sec et ne pas prendre trop froid. 19h00. Je pense à mettre mes pastilles dans les bouteilles et je m’active pour m’installer. Tout d’abord à côté des tentes en place, mais je me ravise, je ne le sens pas avec le hamac. Je m’enfonce plus loin, là où je suis maintenant… Mais maintenant, il est 23h20, alors je pose le crayon et le cahier car je tombe de fatigue.


Dénivelé cumulé aujourd’hui :                 - 350 m / + 115 m

Temps de progression :                              9h00

 


Dimanche 24/08/25 – A2 – Glières

 

Il est 20h30 quand j’arrive à mon petit camp. Il était temps, je commençais à en avoir plein les pattes. Mais ça va, j’ai encore la pêche malgré quelques petits bobos mineurs. Rien de grave, un genou qui semble avoir pris un coup de travers, un orteil qui lance un peu depuis ce matin, mais je reste attentif au vu du planning.

Il est tard mais j’ai déjà mangé. J’ai croisé trois allemands dans l’après-midi (Leonhard, Pia et Johanna) et je les ai rejoints dans la Grande Salle, au bivouac, à 18h00. Ils m’ont gentiment offert le repas : Une bouillie lyophilisée rose comme mes cheveux après une soirée avec Aloé (comprendra qui pourra…). Sa composition reste encore globalement un mystère, mais je sais qu’il y a de la betterave ! Et ouais, je parle pas allemand, mais j’ai grandi en Picardie ! C’est vraiment pas mal du tout leur plat. Ils ont préparé ça dans une grande casserole, et on pioche tous dedans à la cuillère en discutant un peu, en anglais. Bravo Pia pour la recette ! Elle prépare ses compos lyophilisées elle-même en achetant des bases en vrac et en faisant des mélanges parce que « J’aime bien manger des légumes même sous terre et je suis allergique au gluten ». Je refuse le gîte (j’ai plus de batterie et j’ai peur d’avoir froid), et je prends congé en les remerciant car il est 19h00, et je sens que je fatigue.

La nuit dernière a été un peu dure, j’ai eu un peu froid. Pas beaucoup, en tout cas pas assez pour me lever et aller chercher des couches en plus, mais suffisamment pour mal dormir. Par contre le hamac c’est pas mal, on est bien calé de tous les côtés, et on ne glisse pas. Ya une petite sensation d’être bercé parfois, c’est pas désagréable, même si je me demande si ce n’est pas mon cerveau qui me joue des tours parfois (rapport à que je ne bouge pas…). Avec le froid, j’ai du mal à me lever. Je me secoue vers 8h30 pour sortir de mon cocon, et je m’habille. Les chaussons néoprènes sont un supplice à enfiler (rapport à qu’il sont trempés…), mais une fois habillé le froid disparaît. Pantalon de Trekk d’hiver, veste en mérinos (teeeeellement efficace !!!), doudoune technique et gants. Ça fait bien le taf !

Je m’active doucement pour lancer mon petit déjeuner : grand café, et lyophilisé de muesli fruits rouges (Tiens, c’est rose aussi d’ailleurs). Bon ça me confirme encore une fois que j’aime pas de muesli. C’est chiant à manger, on doit mâcher pendant 15 ans et la texture est bof. Mais ça fait le taf, et j’avais pas le choix à Décathlon alors bon… Je plie le dej’ et je fais cuire mes raviolis pour ce midi. Je range un peu mon camp, et une fois que je n’ai plus rien à faire pour esquiver l’épreuve, je me résous à enfiler mes vêtements de spéléo. À noter quand même que, avant de prendre le petit dej’, j’ai noué autour de mon torse, entre ma veste et ma doudoune, mes vêtements techniques et ma sous-combi. C’est pas hyper agréable, mais ça les réchauffe et quand on les enfile, on souffre moins. Je suis paré. J’écris un petit mot pour préciser mes objectifs de la journée, que je laisse au bivouac… On est jamais trop prudent ! 10h15. J’embarque mon kit et je descends pour mon premier stop. Je vide mes 2 bouteilles de la nuit, et je remplis les 2 litres que j’ai écoulé la veille, en y ajoutant une pastille magique. Je repars. Mission : Récupérer le kit de corde que Torii a laissé en haut du départ vers le puits des Bricolos, j’en ai besoin pour finir d’équiper la fin des puits du Pendule. Je monte la corde en place, et j’arrive à l’intersection. Torii m’a bien rappelé de partir à droite, du coup je pars à gauche, parce que je connais pas ma droite de ma gauche. Je me rends heureusement vite compte de mon erreur et je rejoins le kit, qui m’attend sagement.

Je l’attrape et je repars… Mais le kit ne semble pas vouloir. Il s’accroche au sol ? Ah mais non, c’est juste que ce petit batard pèse 30 kg. Je souffre pour remonter les puits jusqu’à la vire. Je revois un peu le départ de la corde pour faire la jonction sur la vire et non dans le puits. En plus, ça me fera une longueur pas trop mal pour rééquiper l’accès au bivouac. J’équipe jusqu’en bas, puis je remonte pour ramener l’ancienne corde en haut du puits. Je pose la fin de la corde neuve au bivouac au passage. J’hésite à la poser de suite, mais il manque un point pour faire le départ de main courante propre, donc je me dis que je verrai ça ce soir (Spoiler : J’aurai la flemme). Je remonte tout en haut du puits du Pendule en ré-enkittant la corde au fur et à mesure (J’ai laissé la corde accrochée en haut du puits pour ne pas avoir à tout remonter depuis le bas). Une fois en haut, le kit est plein à craquer. Je le ferme propre et je le laisse accroché sur le départ de main-courante pour repartir en bas pour ma prochaine mission : Rééquiper les puits des Bricolos puis aller voir la grande salle. Pendant que je descends, j’entends des voix en haut. Quelqu’un semble arriver. J’hésite à attendre, mais je continue, on se croisera sûrement plus tard !

En bas, je récupère le kit de corde neuve que j’avais intelligemment pas remonté, et je continue à progresser. Au passage, je change la corde de l’escalade. Plus de bruit au-dessus, ils doivent faire une pause au bivouac. En même temps il est 14h00 et moi aussi j’ai faim. Je rejoins le départ des puits à rééquiper, et je me pose pour manger.

Quelqu’un finit par arriver, c’est Leonhard. On échange un peu, ils filent à la Grande Salle pour y bivouaquer 2 nuits. Je le laisse passer, je commencerais après qu’ils soient tous descendus sinon ils vont grave attendre (les maillons rapides en place savent bien se défendre). Leonhard est venu un peu en avance pour poser une barre de pied et faciliter la sortie de la tête de puits, dans le méandre suspendu. Je finis mon repas et Johanna, puis Pia finissent par arriver. On échange quelques mots, mais la discussion n’est pas très fluide. Une fois les deux descendues, je coupe les cordes en place et je rééquipe tout. J’utilise enfin la dyneema que je me trimballe depuis le début. Arrive la partie sport : Le méandre, court, mais intense, au-dessus du P40. En plus, j’ai deux kits : La corde neuve, quasi plein, et un kit avec la quincaillerie et l’eau. Je me dis que je vais passer les kits un par un, mais impossible de se retourner dans ce bordel de méandre de m**** ! Je galère, j’en chie, je souffre, mais j’arrive tant bien que mal à remplacer la main-courante. Je m’emmêle tout le temps avec la corde en place que j’ai coupée et qui traine partout, mon kit se bloque tout le temps, sans parler du fait que je progresse en poignée chaussée, et que c’est plus dur que jamais d’ouvrir les maillons avec le manque de place. Sur la tête de puits en place, il y a pas mal de mon bordel stocké pour me permettre de rééquiper la main-courante. Notamment les deux kits que j’avais amené ici, pour juste tirer la corde neuve depuis la tête de puits jusqu’au début du méandre, sans avoir le kit dans les pattes (quand on aime les allers-retours, on ne compte pas). Mais maintenant faut faire de la place pour poser la tête de puits. Les manips sont infernales, je m’emmêle partout plus que jamais. Soudain, en basculant un kit derrière moi sur la main-courante, j’entends un vacarme épouvantable dans le puits sous mes pieds. Une de mes bouteilles d’eau a décidé de se suicider. Je suis soulé. Au bout d’encore pas mal d’efforts, je fini par poser la tête de puits et je descends. Il paraît qu’un frac devait être modifié pour y mettre un deuxième point, le spit ayant déjà été mis… Mais je ne trouve rien, notamment sur le seul frac monopoint. J’aperçois plus bas un dernier frac, qui semble doublé. Je me dis que ce sera suffisamment safe, et de toute façon j’ai pas de perfo.

Arrivé en bas, j’abandonne les kits et la vieille corde. Il est 17h00, j’hésite à faire demi-tour, mais j’ai dit aux allemands que je passerai, et je ne veux pas qu’ils s’inquiètent. Donc je rampe un bon quart d’heure dans le boyau des électriciens. Il y a pas mal d’embranchements après pour rejoindre la Grande Salle, et je prends le temps de me repérer sur la topo, la dernière chose que je veux, c’est me perdre ! J’enchaîne les salles et les petites cordes. Je ne me rappelais pas qu’il y en avait autant. C’est long. Enfin j’arrive à la salle du Petit Cœur. Celui-ci a disparu, mais je le refais au retour. Dernier obstacle – étroit – franchi, et je sors dans la Grande Salle par un petit passage dans le sol. Elle me met une claque. Les volumes sont fous. Sa taille rivalise avec le passage du Grand Puits, après le siphon. Je prends le temps d’en faire le tour, et Pia me guide vers un petit passage sur la droite qui permet d’accéder au bivouac. Johanna et Leonhard terminent de terrasser le sol pour qu’il soit bien plat. Il y a énormément de matos ici, j’ai une pensée pour tous les allers-retours que ça a nécessité. Il est 18h00, je décide de rester avec eux pour manger. Les discussions tiennent plus de longs silences au début, mais ça fini par échanger, en anglais, et surtout avec Leonhard ! La suite est au début de cette histoire. Et surtout, il est maintenant 23h30, et il faut que je dorme.


Aller. Plus que deux dodos.

 

Dénivelé cumulé aujourd’hui :                 - 255 m / + 255 m

Temps de progression :                              10h15, moins une heure de repas avec les allemands : 9h15


Lundi 25/08/25 – A2 – Glières

 

Il est quasiment 23h00 quand j’arrache enfin mon deuxième kit du vide pour l’accrocher sur la main-courante d’accès au bivouac et à le jeter au sol à côté du premier. Je suis à bout de force, j’ai l’impression que seule la douleur qui irradie dans à peu près tout mon corps me maintient éveillé malgré la fatigue et — Nan en fait je déconne, ça va pas si mal ! Bon je suis quand même pas fâché d’arriver, mes deux kits pèsent chacun un âne mort (Si, ça rentre dans un kit un âne mort !), et je me les coltine l’un depuis la Grande Salle, l’autre depuis le pied du puits des Bricolos.

Il est tard (00h20 quand je commence ces lignes), mais en même temps mon réveil a décidé de me laisser dormir jusqu’à 11h00 ce matin. Connard. Par contre, j’ai eu nettement moins froid cette nuit : J’ai étendu une couverture de survie sur le hamac, et j’ai gardé un pantalon technique. À part un peu mal au dos, ça a été. Les petits bobos d’hier sont toujours là en me levant, surtout le genou. Il a besoin de chauffer un peu pour aller mieux. Je m’active pour me préparer, je réduis le petit déjeuner à un grand café, et je décide de manger ici avant de partir pour être un peu plus efficace sur le planning de ma journée.

Tout ceci fait, je passe au supplice de m’équiper, et je décolle, il est 13h00. Je prends quand même le temps de rééquiper la main courante. Je tricote tout, flemme d’ouvrir les maillons. Note : Le départ de mains courante est en mono-point, il faudra corriger ça à l’occasion. (Note à la retranscription : Corrigé !)

Je descends en bas des puits du Pendule, et je vide une bouteille pour en remplir trois. Soit je transpire beaucoup, soit je me déshydrate, je sais pas. Je repars pour rejoindre le puits des Bricolos, en bas duquel m’attend le kit de corde neuve. Je réagence son contenu avec celui que j’ai amené pour n’en prendre qu’un seul à travers le boyau des électriciens. Je prends la corde neuve pour finir de la poser à quelques endroits jusqu’à la Grande Salle. Le ramping avec le kit est un enfer. Je prends ensuite le temps de rééquiper une petite vire, le puits qui va jusqu’à la salle du Petit Cœur, et je pose ce qu’il me reste pour remplacer la corde qui permet d’accéder à la Grande Salle. Je progresse lentement, je fais des pauses régulièrement car je sens que je suis fatigué. Sur le puit d’accès à la salle du Petit Cœur, je change un peu l’équipement. J’abaisse le nœud du dernier frac en faisant des oreilles éééénormes pour pouvoir le passer en posant les pieds sur une margelle, et je rajoute une dev’ au-dessus pour gérer le frottement. C’est pas ouf propre je trouve, mais c’est mieux qu’avant.

En rééquipant l’accès à la Grande Salle, j’entends régulièrement de grandes chutes de pierres. Ils sont encore sur l’escalade là-bas. Je sors sur une accalmie de pluie de cailloux, et je me pose pour observer les trois lampes tout là-haut. Soudain, un talkie-walkie sonne. C’est Leonhard. Il me demande si je veux monter. Euuuuuh… Il est déjà 18h30… Et puis merde, j’y vais. L’escalade va maintenant jusqu’à environ 70 m (estimé). J’arrive en haut sur une margelle où sont installées Pia et Johanna. Cette dernière assure Leonhard qui escalade encore un peu plus haut. Je me pose avec elles sur la margelle. J’allume ma lampe à fond, mais je ne vois strictement rien à travers le nuage de buée que j’émets. J’éteins, et j’utilise ma lampe de secours que je tiens à bout de bras. Il reste entre 20 et 30 m d’escalade pour atteindre un grand porche dans le plafond. Ça a l’air de continuer après…

Leonhard nous rejoint, fini pour aujourd’hui. On discute et Pia propose de faire une photo depuis le bas du puits. Je lui file mon téléphone pour ça, et elle descend. Johanna monte en tête de l’escalade, je descends plus bas dans de puits et Leonhard se place un peu au-dessus de moi. On allume à fond et on attend. Les photos prises, on se rejoint tous en bas.

Je vais inspecter un départ situé entre l’entrée de la salle et le passage d’accès au bivouac. C’est peut-être la jonction via le réseau du Jour le plus long, qui rejoint le carrefour au niveau de l’impasse des Chocolatiers (Note à la retranscription : C’est effectivement ça !). Je m’y engage, l’accès est bien défendu par un tas de glaise immonde collante au possible. Je passe tant bien que mal et je vais me promener. C’est assez joli, large, confort, et on suit un petit cours d’eau. Je finis par faire demi-tour, je repasse l’immonde glaise et trouve Leonhard qui nettoie du matos. Moi je suis couvert de boue, mon matos a fusionné avec ma combi, alors Léo me passe gentiment sa brosse. Je m’active un bon moment pour retrouver un matériel décent, puis je rejoins mes trois compères. Il est 20h30, mais surprise ! La tambouille est faite ! C’est la même chose que la veille (Même si il paraît que la recette a changé, c’est toujours rose cheveux !). 21h00, il faut que je décolle. Je remercie encore une fois mes hôtes, on se refait une photo de groupe, je laisse un tribut de 2 paquets de repas lyophilisés que j’avais ramené, et je décolle.

30 minutes pour rejoindre le carrefour, 15 minutes pour le boyau des électriciens (avec un kit !), 20 minutes pour remonter les puits des Bricolos, compris passage du méandre (avec deux kits !). En bas du puits du Pendule, je fais une pause pour faire le plein d’eau. Je redécolle, mais c’est dur. J’arrive au premier frac quand j’entends qu’on m’appelle, je reconnais Jens. Il me semblait bien avoir entendu du bruit là-haut ! Je réponds. Il semble que je vais partager le bivouac ce soir. Après une interminable remontée (Bon, en vrai je sens que je cumule de la fatigue…), j’atteins le bivouac, enfin. Je retrouve Jens et deux allemands. On discute un peu, surtout avec Jens, on débriefe sur ce que j’ai fait, et on va assez rapidement vaquer à nos occupations respectives. Il est tard ! Les deux allemands s’installent pour bivouaquer pas très loin de moi, et Jens (qui est aussi allemand d’ailleurs) prend une tente il me semble. Moi, je me colle dans mon hamac. 00h20 quand je commence ces lignes, 01h30 quand je les termine.

Et plus que un dodo ! ☺

  

Dénivelé cumulé aujourd’hui :                 - 235 m / + 235 m

Temps de progression :                              10h00, moins trente minutes de repas avec les allemands : 9h30

  


Mardi 26/08/2025 – A2 – Glières

 

♫ Un allemand, ça ronfleuh, ça roooonfleuh. Un allemand, ça ronfle énormément.

Dormir tranquille, c’est bien difficile. J’ai compté les échos, au lieu de faire dodo ! ♫

Ok, soyons honnête. Je ne suis pas sûr d’avoir fermé l’œil de la nuit, mais c’est très probablement dû aux nombreuses courbatures généralisées et à l’humidité qui a fini par réussir à s’insinuer partout, plutôt que de la faute de la ligne de basse de Tobias ou Simon. Mon réveil n’oublie pas de sonner à 9h30 cette fois, peut-être est-il en manque depuis ces 3 jours, impatient de retourner en surface se goinfrer de données, de se reconnecter ! Est-ce vraiment à mon téléphone que je pense quand j’écris ceci ? J’espère. Il attendra bien un quatrième jour, ça lui fera les antennes. Je suis d’ailleurs impressionné par la longévité de la batterie, qui n’est toujours pas passée sous les 50 %, même malgré la température. Dehors, je suis habitué à le recharger même en journée pour être sûr de ne pas être à court en fin de journée. Ou peut-être que le temps passe réellement plus lentement sous terre…

Je fais durer la nuit blanche jusqu’à 10h00 par principe, et je me lève. Mes co-bivouacataires sont déjà debout et font leur petite vie. Tobias et Simon prévoient d’aller explorer le petit méandre que j’avais repéré s’étendre sous mon bivouac. Heureusement que j’ai pas fait pipi dedans. Jens, lui, est parti creuser quelque part. Penser à offrir une pelle à Jens à son anniversaire. Je m’habille rapidement et m’active lentement. Réchaud, muesli lyophilisé, café. Je déplace des trucs, fais des petits tas entre mes bouchées de Muesli (c’est tellement long à mâcher de toute façon, j’ai le temps…) pour commencer à organiser mon paquetage. Les choses s’organisent petit à petit, un premier kit est fermé avec un bidon, mon duvet, mon hamac : Gros volume mais très léger. Je commence à organiser l’agencement de mon deuxième kit. Les allemands font ponctuellement des aller-retours en traversant mon petit camp mourant pour récupérer du matos. Hélène débarque, très rapidement suivi de Sébastien. On discute de nos occupations de ces derniers jours, je demande son avis à Hélène sur le ré-équipement que j’ai réalisé. Bien, mais sur le puits d’entrée elle a dû déposer les nœuds des amarrages et les reposer car la corde vrillait trop dans les cols de cygne. J’avais effectivement noté ce problème à l’équipement, que j’avais essayé de gérer comme je pouvais sur les premiers points, avant de prendre l’habitude de dérouler de grandes longueurs de corde – 10 à 20 m – en la laissant bien se dévriller avant poser les nœuds. Normalement, ce problème n’est présent que sur les premiers fracs que j’ai équipé – et que Hélène a corrigé (merci !). A noter au passage que dérouler de grande longueur de corde neuve pour qu’elle dévrille, ça permet d’éviter de le prendre la boule de vrilles taquées dans la main qui gère le descendeur au milieu d’une descente dans un puits.

Sébastien et Hélène cherchent de la corde neuve, pour terminer d’équiper le méandre amont au puits du Pendule. Je lui explique que j’en ai  plus, parce que j’ai fini le peu qu’il me restait pour ré-équiper des trucs jusqu’à la Grande Salle. Hélène m’engueule parce que c’était pas la priorité et que la corde va manquer. Bon. Je me décale pour laisser passer les allemands qui retraversent mon camp. Hélène me demande si par hasard j’ai une trousse à spit ou de la dyneema pour pouvoir doubler un point sur le départ ce main-courante du puits, elle a le perfo mais pas le reste. Je n’ai plus de dyneema dédiée explo, mais je lui en passe une du clan de 2017 et la trousse à spit en lui précisant que le pas de vis du tamponnoir semble foiré. Elle me répond que le tamponnoir n’est pas nécessaire. - Hein ? Bah comment on expanse, faut bien y aller avec le marteau, tu ne tapes pas directement sur le spit quand même ? … - Bah non, tu tapes sur le boulon percuteur. … - Ok… Mais n’en ai pas ça par contre. Hélène m’engueule. Ma retraite d’ermite solitaire me manque.

Hélène et Sébastien repartent, ils iront récupérer le dernier kit de corde de 160 m resté plus haut qui était dédié à l’escalade jusqu’au gymnase pour finir d’équiper le méandre. Ils me récupèrent l’un des deux gros kits de vieilles cordes à ressortir. Top, je vais sans doute me retrouver avec 3 kits perso, j’avais un peu peur de devoir faire des aller-retours pour tout remonter. Je me retrouve seul et je retourne à mon paquetage. Mon sherpa est bourré à raz-bord, je le ferme enfin, il ne reste plus que les bouteilles d’eau que je mets dans le troisième et dernier kit, il sera compact et léger, mais ça fait quand même un kit de plus à gérer. Je regroupe tout vers le départ du bivouac. 13h30, je commence par descendre rejoindre l’eau en bas du puits avec le kit des bouteilles. Je vide et lave les bouteilles qui en ont besoin, et je me remplis 2 litres pour la remonté. Au moment de repartir, je me rends compte que j’ai laissé mon mini-kit au bivouac pour ne pas m’encombrer. Mini-kit sur lequel est accroché mon pantin. Et bien on remontera les 30 m sans. J’arrive au bivouac, Jens –  qui avait fini de creuser – est en train de remonter. Je me pose au bivouac pour récupérer tout mon matériel et laisser partir Simon et Tobias. Ils m’informent que Jens a pris le 2eme kit de corde. Je m’en félicite ! Enfin, je félicite Jens surtout ! Je regarde Tobias et Simon partir chacun leur tour, peu rassurés sur la gestion du pendule, même s’ils s’en sortiront sans problème. Je me lance à mon tour. Mes trois kits me font rapidement chauffer les jambes. Arrivé en haut, je me prépare mentalement à attaquer le premier obstacle que j’appréhende : Le méandre du Réfectoire. Je compte sur la topo le nombre de puits pour me motiver intérieurement à chacun de leur passage.

Go. J’envoie mes kits un par un devant moi. Le méandre devient rapidement étroit. En fonction des configurations, je passe devant les kits et je les rebascule devant moi un peu plus loin, ou je reste derrière et je les renvoie chacun leur tour un peu plus devant si je n’ai pas le choix. Puis j’avance de deux trois mètres, et je recommence. Encore et encore. Je fais bien attention à faire en sorte de ne pas mettre le kit avec mon duvet dans l’eau chaque fois que je le fais avancer. Les kits, s’accrochent, se bloquent, glissent. Ponctuellement, un puits se présente. Pas très haut, mais il faut surtout gérer le passage des kits du puits à la main courante, en s’organisant pour pouvoir soi-même sortir de la tête de puits souvent étroite. Et on recommence, on se baisse, attrape un kit, le lance devant, se rebaisse… C’est interminable, je mets littéralement des heures à traverser ce fichu méandre. Je croise Hélène, puis Sébastien, mais la fin du méandre se fait, elle, attendre. Enfin, j’arrive soulagé mais épuisé au septième et dernier puits. Je le monte, et je suis enfin en bas du Grand Puits. Le deuxième obstacle que j’appréhende. Souvenir de ma première descente dans l’A2, alors que je n’étais encore pas si loin d’un débutant. A l’aller, l’arrivé dans ce puits est vraiment très impressionnante de par son volume et sa verticalité. Je l’avais abordé avec beaucoup d’appréhension. J’ai souvenir au retour d’avoir pas mal attendu sur la vire que les fracs se libèrent. A la remonté, dans la première longueur après la vire, on se retrouve très rapidement plein vide, les parois s’évasant autour de nous. Au milieu de cette longueur, alors que je me mettais lentement à tourner sur la corde pour me retrouver face au laaaarge vide du puits, Vincent S. avait allumé sa Scurion pleine balle en me hurlant : « C’est beau hein, t’as vu les volumes ?!??!!? ». J’aime pas les volumes, quand c’est des volumes de vide. Je ne lui ai jamais répondu, occupé à ravaler un début de crise de panique, en me raisonnant que de toute façon j’étais tout seul au milieu de ma corde, et que j’allais devoir m’en sortir tout seul.

Mais pour l’instant, je suis toujours en bas du puits. Il est 16h passé, je décide de faire une pause pour manger et avoir une bonne dose d’énergie dispo avant de me lancer. Je grignote, et je prends soin de manger une barre bien sucrée pour avoir la pêche.

Go. Première longueur avant la vire, rien d’effrayant, j’y vais tranquillement. J’arrive en haut du puits, quand soudain ma jambe droite s’affaisse dans un grand « TAC ». Je regarde. Merde. Mon pantin vient de me lâcher. Je suis à moitié en PLS, j’ai pas envie de m’enquiller 150 m de puits sans pantin avec trois kits. Je sors de la tête de puits et je me calle dans la vire pour faire mon diagnostic. La sangle qui passe sous le pied a lâchée (Plus tard dans la soirée, Hélène m’engueulera : « Bah oui mais si tu la protèges pas ! Faut mettre une sangle tubulaire autour aussi ! ». Si tu lis ces lignes, tu m’auras beaucoup trop engueulé ce weekend Hélène ! J). Bon, en tout cas c’est pas trop grave. Je sors une dyneema et je commence à bricoler une réparation de fortune. Je prends le temps de soigner mon montage, d’ajuster au mieux les longueurs pour que soit aussi fonctionnel que possible. Après 10 minutes, je suis satisfait. Il est temps de passer au test. Je me ré-harnache avec tous mes kits, et je me lance. C’est la longueur plein vide. Je sers un peu les dents et j’enchaine sans trop réfléchir. Je compte chaque répétition de squat dans ma tête pour m’empêcher de trop réfléchir, et surtout je ne m’arrête pas même quand ça commence à chauffer. 60 rep, je suis au frac. Je me longe et je m’autorise à souffler quelques secondes en observant ce qui se passe au-dessus. Une partie de moi note que mon pantin bricolé tient bien le coup, je m’en félicite. Un grand mur lisse auprès duquel la corde cours, avant de se perdre dans l’obscurité. J’enchaine très rapidement. J’ai les jambes qui me brûlent de plus en plus, mais j’insiste, tant pis. Au-dessus, je distingue une forme étrange sur gauche. Je commence à être obliger de m’arrêter quelques secondes toutes les 5-6 squats, puis tous les 3-4 squats. Je comprends soudain que la forme étrange, c’est l’extrémité du tuyau sensé vider le siphon : J’arrive en haut du puits ! Ce constat me redonne de l’énergie, je continue mon ascension, je suis au dernier frac. Je le passe et je me hisse douloureusement mais avec le sourire sur les derniers mètres qui me sépare de la tête de puits. Et j’y suis. Je me longe. Je pose un kit. Deux kits. Je sors du puits, en faisant tinter les deux bouteilles d’oxygène stockées à coté, en guise de gong. Je me sens beaucoup plus léger d’un coup. Je prends un instant pour souffler et je décide de continuer de suite pour passer le siphon : L’environnement immédiat n’est pas hyper avenant, celui-ci étant essentiellement constitué de boue. J’ai mis moins d’un quart d’heure à tout passer. Pas mal !

S’en suit le puits de la Gourde. Je note que la corde que j’avais attachée en bas de puits a été sortie de son AF. A questionner ! La remontée est un peu longue, mes jambes commencent à en chier assez rapidement, mais j’arrive sans encombre à destination. Avec mes trois kits, je passe l’étroiture en tête de puits le sourire au lèvre, sachant que j’arrive au pied du dernier obstacle qui me sépare de l’extérieur.

J’arrive au pied du puits des Ardennais, il doit être 17h00 passé. Hmmm… Si j’enchaine trop vite, je vais être dehors avant 18h00. Pourtant, je sais que si je veux pouvoir dire « j’ai fait 80 heures de TPST », il faut que je sorte à 18h00. Du coup je me convaincs que j’ai bien mérité un goûter avant de repartir. Je mange une barre, et je me lance dans deux-trois expériences photographiques. Ce qu’il faut pas faire pour pouvoir dire 80 heures plutôt que 79 heures et trente minutes ! Mais bon, même si je sais au fond de moi que c’est un peu ridicule, c’est pour la postérité J.  Du bruit se fait entendre au niveau de la trappe. Elle se soulève, et une tête apparait : Pia ! On se salue, elle a l’air heureuse (ce qui constitue globalement une constante depuis les trois jours que je la connais). Leonhard arrive ensuite. Pia commence à remonter, parfait, je gratte du temps comme ça ! On discute un peu avec Leonhard, je lui passe de l’eau. Johanna arrive et enchaine sans même prendre une pause. Ok ! En attendant, je me refroidi un peu, alors je prends la suite dans la file d’attente. J’attaque cette dernière longueur avec plaisir. Ces 74 mètres de verticale me sépare d’une expérience dont je suis très curieux depuis que je suis rentré, il y a 4 jours. Comment vit-on de retrouver la lumière après 4 jours continus à 250 mètres sous terre ? Je suis impatient d’expérimenter. Je repense à un reportage de France-Inter en podcast sur Michel SIFFRE, première personne ayant expérimentée le séjour long sous terre en solitaire (30 jours quand même, sans montre et avec pour seul compagnon une araignée !). Je sais que je ne vivrais rien d’aussi drastique que ce cher Michel, mais quand même… Frac, frac, dev’, frac, dev’, frac, tête de puits sur la margelle qui sépare ce P68 du P5 d’entrée. Malgré le fait qu’il soit maintenant 18h00, la lumière se matérialise physiquement à travers la petite entrée via des rayons supportés par des volutes de fumées et de poussières. Je les regarde avec envie, en installant croll, poignée et pantin. Je me hisse sur ces derniers mètres pour atteindre cette lucarne de lumière, je ne suis étrangement plus fatigué.

Je sors. Attentif.

Mes deux kits sont dehors. Je me hisse à mon tour. Je m’attends à être ébloui par la lumière, être déstabilisé par des couleurs dont je n’ai plus l’habitude, le vert des arbres, le bleu du ciel. Et pourtant rien de tout cela. J’aurai pu être déçu, mais pourtant ce n’est pas le cas. La claque « sensationnelle » ne vient pas de là ou je l’attendais. Je suis débordé par les odeurs. Dès mon premier pas au sol, je prends une gifle olfactive : Odeurs de pins, de sous-bois, de chaleur… J’ai l’impression que je n’ai jamais eu l’odorat, et que je viens d’en débloquer la compétence ! Je suis heureux de cette expérience, comparable à passer devant un Séphora ou un Lush en centre commercial, mais en vachement plus sympa.

Je me pose dans l’herbe à proximité du trou. Pia et Johanna sont allongées côte à côte devant l’entrée. L’autre chose qui me frappe, c’est la température. Cela me rappelle la sensation de se glisser dans un bain un bien chaud. Je fais très vite tomber le torse, le haut de la combi et de la sous-combi, mais rien n’y fait, j’ai chaud ! Je profite quelques instants de cette sensation bien trop rare ces quatre derniers jours… Quand un inconfort imprévu commence à venir perturber cet instant de plaisir. Une, puis deux, puis cinq, puis une bonne quinzaine de mouches me tournent autour. Les deux allemandes allongées au sol me regardent hilares me débattre avec ces nouvelles colocataires à mon espace vital. Bon, Ok. J’ai compris. JE PUE. Même moi je le sens en vrai. J’énonce ce constat, ce qui ne manque pas d’amuser encore un peu plus Pia et Johanna, autour desquelles aucun insecte ne daigne roder (NDLR : Après analyse, ces dames se sont allongées pile dans l’axe du courant d’air du trou, avec les capacités répulsives que cela implique ! Nan ya pas que moi qui pue !). Leonhard arrive, parfait ! ON SE CASSE ! C’est trop la zone ici.

Je fais le retour d’un bon pas, content de mon expérience, de l’avoir vécue, de l’avoir finie. J’arrive à ma voiture et j’y pose tout mon bordel, prenant plaisir à m’alléger petit à petit.

  

Dénivelé cumulé aujourd’hui                - 40 m / + 275 m

Temps de progression :                              4h30


Après avoir étendu mes vêtements, je vais me détendre sous une douche chaude. C’est tout à fait plaisant. J’enfile des affaires propres, sèches, et je retourne vers mes affaires restées dehors pour les ranger. Ceci fait, je vais enfin de poser. Hélène et Sébastien arrivent, il ne reste qu’un groupe parti explorer l’urinoir, qui finira par rentrer encore un peu plus tard. 20h00 passé, c’est la soirée, je rentrerai sur Lyon demain. Les discutions vont et viennent, je reste un peu distant je crois, profitant du confort merveilleux d’un canapé. Je parle un peu, on fait quelques photos avec Leonhard pour illustrer l’association franco-allemande qui fait vivre ce camp. Je fais également la connaissance de Lilo, qui créée les autocollants d’animaux sous terre, et elle m’offre un autocollant licorne ! Je me demande où je vais bien pouvoir le mettre ! 

Même si je me mêle peu – beaucoup de monde, beaucoup de têtes inconnues, de discutions en anglais et en allemands qui se mélangent, que je comprends mal et qui provoque en moi un certain inconfort – je suis assez fier que le clan participe à ce genre d’évènement, d’échange culturel. 

Vivement qu’on recommence.

 

Dénivelé cumulé total :                               880 m

TPST total :                                                  80h00

Publié par
Jérémy